Ubérisation du droit… et ainsi naquit le juriste digital [épisode 1]

Uberisation du droit-Stéphane LarrièreUbérisation du droit ! Voilà à l’instar de ce qui se passe dans d’autres métiers, le nouveau phénomène qui anime les discussions des professionnels du droit. Ubérisation du droit !? Qu’est-ce que ça signifie ? S’il n’est pas de définition précise du terme, on signifie par ce néologisme tiré de la société de chauffeurs, Uberpop, une révolution, une rupture par l’explosion d’un modèle économique. Après, les libraires, les hôteliers, les chauffeurs de taxi, on fantasme, on glose, on se dit que les juristes pourraient compter parmi les prochaines professions victimes de la « destruction créatrice » (Capitalisme, socialisme et démocratie, Joseph Schumpeter, Payot), causée par lapparition d’une application, d’une plate-forme ou d’un logiciel. La Loi des Parties se penche, dans ce premier épisode, sur ce phénomène de l’Ubérisation du droit en précisant les conditions de la naissance du juriste digital. Deux épisodes viendront prochainement enrichir cette étude pour une vision à 360° du phénomène !

Ubérisation du droit ou la destruction créatrice à l’oeuvre ?

Les nouvelles technologies digitales porteraient, en leur sein, le bouleversement des métiers du droit. Si Joseph Schumpeter prétend que « le nouveau ne sort pas de l’ancien mais apparaît à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le ruiner et modifie toutes les situations de sorte qu’un processus de mise en ordre est nécessaire » (Capitalisme, socialisme et démocratie, J. Schumpeter, Payot), on peut s’interroger sur le point de savoir quel procédé viendra alors, en quelques clics, bouleverser, transformer, mettre à mal ou tout simplement faire disparaître un business model, un métier, une profession, fut-elle ancestrale…. Surtout, oui surtout, si elle est ancestrale… comme le sont certains métiers du droit !!!

Tout se passe comme s’il existait, dans cette Ubérisation du droit, un acte de libération, ou plutôt une promesse de libération et d’affranchissement de la norme en place, et donc, par assimilation, aussi de la règle de droit. Ses artisans, c’est-à-dire ceux qui vivent du façonnage de cette règle de droit, de son interprétation et de son utilisation, pourraient faire les frais de cet effet disruptif que portent les technologies nouvelles. Réalité virtuelle ou réalité des faits ? Les nouvelles technologies pourraient conduire à l’avènement, selon le terme du Professeur Supiot, d’un homo juridicus, mais d’un genre nouveau celui-là ! Un homo juridicus en réseau, ultra connecté à son droit, à ses clients, à son monde ; un juriste à la réalité augmentée ; augmentée de contrats dématérialisés, augmentée de méta data jurisprudentielles, d’outils prédictifs d’aide à la décision. Bref un juriste digital, qui dépasse le seul juriste virtualisé ou celui qui restera figé dans ses certitudes de sa science du droit, à la façon d’une caricature d’Honoré Daumier.

« Pure science fiction que ce juriste digital ! » s’écrient certains. Face au phénomène, réticences et scepticisme s’expriment. Bien sûr ! Ou plutôt, bien moins sûrs, face à l’évidence digitale qui pointe et les modèles qui semblent déjà se fissurer. Devant la promesse d’automatisation de la rédaction contractuelle (pourtant à l’œuvre depuis plus de 10 ans), ils lèvent le bouclier de la toute spécifique casuistique du droit. Devant le big data analytique, ils érigent en rempart, la dialectique de l’argumentation juridique. Devant la puissance de la machine, fut-elle connectée ou intelligente, ils opposent la noblesse de leur métier, ils objectent les arguments structurés de la Défense. Devant la désintermédiation, ils oscillent entre hésitations économiques et références déontologiques aux règles de leurs professions.  C’est que la cause du juriste est noble ! Et la science durement acquise au prix de longues et chères études !

Alors, tout se passe comme si, la machine, le logiciel, le digital venaient souiller la robe et le serment, entacher les conclusions et le contrat, avilir les promesses et les actes, d’une vulgarité toute mécanique. Surgirait alors un droit orwellien de résultats ; un droit vidé de tout esprit juridique, un droit à vile cause ; un droit de décisions algorithmiques… sans circonstances atténuantes ! Mais à bien réfléchir, tout ceci ne reviendrait-il pas à renoncer à faire du droit et à appliquer la Loi ! Ne serait-ce pas abandonner la puissance du Code civil…. pour laisser place à l’autre code… digital celui-là, algorithmique, vulgaire, dénué de conviction !! Code contre code…. Règle contre calcul…..Pouvoir du droit contre puissance de la machine…. Qui pour plaider la cause du digital, qui prend la Loi à revers et le Droit par la force ?

La stratégie de la ligne Maginot, une fois de plus, ne devrait pas permettre de résister longtemps à la machine en mouvement : logiciels et machines sont plus agiles, plus rapides, plus puissants. Ils viendront s’imposer sur le terrain du droit. C’est donc là, au fond de la tranchée de la ligne imaginaire, que réside le véritable risque d’Ubérisation du droit ! L’Ubérisation du droit surgira ici, dans l’immobilisme des juristes face à la digitalisation par la machine et le logiciel. Si l’on en croit Joseph Schumpeter, le processus créatif de l’innovation digitale devrait entraîner une amélioration globale de la performance des juristes, avec un usage optimisé de leurs ressources productives (capital, travail). Elle se traduira, à l’instar de ce qui s’est passé dans le domaine industriel, par une augmentation objectivement mesurable de la productivité du juriste (ce qui n’était que peu le cas jusqu’à présent malgré les fiches de temps passé!). Agissant comme un stimulateur de croissance, l’innovation digitale devrait donc aboutir, dans les métiers du droit, à une mise en concurrence mesurable et une redistribution de certaines activités et de certaines tâches juridiques. Leur jeu combiné pourrait marquer le déclin ou la disparition de certaines d’entre elles (la fameuse « destruction créatrice » !!). Mécaniquement, mise en concurrence et redistribution des tâches devraient se traduire par un double effet baissier de la chaîne de valeur : pression à la baisse sur les prix au profit du client, consommateur de droit, et baisse corrélative du coût de réalisation de la prestation de service, le tout s’inscrivant dans une tendance déflationniste du secteur, confinant à des marges de plus en plus faibles. L’Ubérisation du droit se rapproche….

Ubérisation du droit : la digitalisation destructrice en question ?

L’Ubérisation du droit se rapproche….!? Il semble pourtant, que le parangon de la digitalisation destructrice, l’apparition d’Uberpop dans les transports, n’ait pas modifié en profondeur le service de transport de taxi : en effet ce service réside toujours dans l’acheminement d’une personne d’un point à un autre, avec une voiture conduite par une personne ; pas plus n’a-t-elle changé en substance, le produit phare d’Amazon : il s’agit toujours du livre. Ce que la technologie a bouleversé en revanche, c’est l’accessibilité à ce même bien/service et la multiplication des accès (la « désintermédiation » !) qu’elle a simplifiés tout en opérant de fait une diminution corrélative du prix de l’opération. L’effet disruptif et la perte de valeur semblent en quelque sorte n’affecter que les aspects logistiques de l’opération commerciale, sans toucher au cœur de ce qui en constitue le produit : le bien ou le service souscrits qui demeurent, au bout du compte, les mêmes. Cependant, peut-on raisonner selon le même schéma pour les prestations des professionnels du droit ? Peut-on considérer que le seul effet de la digitalisation du droit résiderait dans sa désintermédiation, permettant à ses professionnels d’échapper à sa destruction créatrice ?

Leurs métiers reposent sur la connaissance scientifique de la « chose » juridique. Elle comprend les sources du droit, c’est-à-dire les lois, les règlements, la jurisprudence, le système judiciaire et ses procédures. De même, elle intègre ce fameux raisonnement déductif, par syllogisme, comprenant l’exercice de qualification, grâce à un vocable parfois abscons. Enfin, la capitalisation sur les savoir-faire développés ou acquis, leur gestion, leur mise à jour constituent le dernier pan de cette science ; ils sont essentiels pour une application circonstanciée du droit à une situation donnée. La technicité de ces connaissances est telle que, dans la majorité des cas, pour un juste équilibre dans la mise en œuvre du droit, les juristes débattent entre eux des sujets juridiques, excluant les profanes non avertis de leurs débats et discussions. On pourrait ainsi croire, que le jargon peu accessible subtilement endogène et les jeux enrobés d’une balance affichée à l’équilibre, « protègent le métier ». En effet, il est bien nul celui qui, censé ne pas ignoré la loi, n’a pas son indispensable juriste décodeur de ses droits et ingénieur de sa défense. Il faut dire que ce « nul » pris en flagrant délit d’ignorance de la loi et de ses droits est littéralement submergé par le droit, par ses droits. Ainsi, aussi inexorablement que monte le niveau de la mer, le nombre de pages du Journal Officiel (le support de publication des textes en vigueur) croît avec constance, passant de 15 000 pages annuelles dans les années 1980 à 23 000 pages ces dernières années. Par an, ce sont 70 nouvelles lois, 50 nouvelles ordonnances et 1 500 décrets qui sont venus enrichir les 9 000 lois et 120 000 décrets, déjà en vigueur dans les années 2000, (Conseil d’État, Rapport public 2006, Sécurité juridique et complexité du droit, Paris, La Doc. française, 2006), engendrant leurs propres contradictions, leur propre complexité, leur propre et envahissante paperasserie de formulaires abscons…. Elles génèrent donc aussi leur propre temps, un temps congénitalement lent, rythmé par les allers et retours des conclusions ; un temps d’attente de la décision qui s’écoule selon une cadence de navettes et de décrets et qui se moque bien de la rapidité des technologies et de leur usage.

Durée interminable hors du temps, monstrueuse réglementation, kafkaïenne Justice, dont se dégagent l’individu et l’entreprise grâce à l’essentiel juriste expert qui décode et libère l’action à venir (cf. Juriste d’entreprise, qui es-tu ?). La pression de ce Droit qui infuse et se diffuse semble créer un besoin de droit chez l’individu qu’il ne peut étancher que par le recours aux juristes, leur assurant ainsi, de confortables jours, que certains, jaloux, qualifient encore de « rente ». Ouf ! Protégé par tous les droits, par son omniscience, le juriste ne semble pas pouvoir être la victime de la destruction créatrice que porte la digitalisation. Auréolé des privilèges de l’officiel ministériel, des sceaux de l’auxiliaire de Justice, ou encore investi de la mission suprême de gardien du temple de l’entreprise, le juriste ne sera pas ce Canut du XXIième siècle que certains annoncent ! Non, il ne sera pas balayé par une Ubérisation du droit imaginaire, provoqué par cette digitalisation par trop mécanique qu’amènent les machines et les logiciels !

Mais la digitalisation n’a-t-elle pas déjà entamé la modification du métier de juriste ? Le doyen Carbonnier constate à cet égard que « l’informatique en perfectionnant les fichiers a contribué à faire de la jurisprudence un automatisme » (Droit et passion du droit sous la Vième République, p. 60, Champs Flammarion, 1996). Il ajoute à ce propos : « en permettant la fondation commerciale de banques de données, elle a bouleversé l’usage et peut-être le contenu de l’oeuvre jurisprudentielle : le praticien ne se livre plus à la recherche artisanale d’arrêts, il achète l’état de la jurisprudence, mais un état établi à travers des mots clés, dont l’effet réducteur ne peut être éliminé ». Dès lors, le logiciel aide à la maîtrise de la connaissance. Il modifie le prisme de lecture du droit par le juriste, puisqu’il permet de sélectionner la jurisprudence en fonction du droit établi au moment de la recherche. Le logiciel en corrige la mauvaise perception, en modifie le biais de lecture et confirme l’analyse dans la recherche de la vérité juridique . Il permet une consolidation de l’argumentation par la levée des aléas et des incertitudes. L’argument y gagne en pertinence ; la droit en efficacité, même si l’exhaustivité scientifique de la connaissance semble y avoir perdu. Jean Carbonnier, pressentant la puissance de l’informatisation à l’oeuvre, souligne que « par le gigantisme de ses moyens, l’informatique est capable de saisir des phénomènes de masse à l’action dans les juridictions […]. Et en les rendant quantitativement visibles, elle leur confère une nouvelle force d’attraction ». Il achève sa réflexion par une conclusion quasi prophétique : « nous sommes ainsi de plus en plus informés, sauf à nous demander si le flux de l’information n’étrangle pas la connaissance » (Droit et passion du droit sous la Vième République, p. 60, Champs Flammarion, 1996).

Dès lors, avec ce droit de résultats projetés de manière artificielle par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, se pose la question de savoir si le juriste ne délivre pas une prestation que l’on pourrait qualifier d’« infrajuridique », du point de vue de la connaissance du droit mais aussi du point de vue de la valeur économique des prestations rendues. A cette double question de valeur, le juriste va devoir répondre !  A défaut, en plus d’être déjà battu au jeu de go, le juriste pourrait aussi risquer de perdre sur le terrain du droit. Car, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, ces fameuses NTIC, s’enrichissent de couches d’intelligence artificielle. Marc Giget à cet égard, lors des Rencontres du Numérique de l’Agence Nationale de la Recherche en 2013, notait le caractère essentiel et prépondérant de cette intelligence dans les NTIC, au point de les parer d’un « i » supplémentaire pour y figurer l’intelligence. Elles deviennent alors « nouvelles technologies de l’information et de la communication et de l’intelligence » : une façon de remettre, pour ainsi dire, les points sur les « i » du juriste récalcitrant ; une manière de le remettre dans son droit chemin.

⇒ A SUIVRE EPISODE 2 :  L’ÉMERGENCE DU JURISTE DIGITAL…..

⇒ A SUIVRE EPISODE 3 :  JURISTE LES DÉFIS DU DIGITAL…..

9 Comments

  • Martin Hauser

    1 février 2016 at 19 h 28 min Répondre

    Le bouleversement des métiers du droit est en cours depuis des décennies. Le passage de la société « moderne » à la société « post-moderne », d’une société caractérisée d’un « ordre imposé » à une société d’un « ordre négocié », dont font état certains auteurs français, comporte nécessairement une mise en question d’instances, de structure traditionnelles et même du droit comme regularteur (Martin Hauser, La mediation commerciale en France et en Allelagne – une comparaison, 2016, p. 36, 54 sv., download gratuit https://www.mediationaktuell.de/produkt/site/62205-0/la-mediation-commerciale-en-france-et-en-allemagne-une-comparaison ). Les nouveaux rapports participatifs, « l’Uberisation » et la « digitalisation » ne confèrent depuis peu que plus de visibilité à ce phénomène.

  • Christophe

    2 février 2016 at 15 h 33 min Répondre

    Bel article, bravo, mais peut-être un peu manichéen: l’uberisation ne veut rien, elle n’est pas incarnée, ça n’est qu’à peine un phénomène médiatique et plutôt la suite de l’évolution liée au web depuis 1996 environ et à des opportunités simples que les acteurs traditionnels en place ne se sont pas encore appropriées, ne croyez-vous pas ?

    Dans de nombreux cas, la technologie utilisée par les startup du droit – par exemple – est très basique, la même qu’il y a 10 ans, avec par contre des idées d’interface et de mise en relation sympathiques centrées utilisateurs (mais ça ne fait pas à soi seul la totale valeur ajoutée). Elle ne doit pas faire peur, cette technologie, n’importe quel développeur web épaulé par un avocat ou juriste en est capable, peu d’idées de génie, plutôt des idées malines, recopiées des US, ou encore opportunistes 😉

    Sinon, à propos de l’intelligence artificielle pour les métiers du droit qui elle pourrait vraiment faire bouger des lignes dans le futur:
    http://www.village-justice.com/articles/intelligence-artificielle-et-droit,20437.html

  • Eric S

    2 février 2016 at 19 h 08 min Répondre

    Toujours et encore cet effet de mode, et de simplification digitale du discours.
    Marin a raison, mais il faut aller plus loin ; car ce discours était effectivement déjà présent dans les cours universitaire à la fin des années 80*… Et oui, les mêmes clichés et les mêmes termes depuis presque trente ans ; peur du gros méchant ordinateur, puis de l’internet, puis du big-data, créateur d’un nouvel homo-juridicus… créateur, mais comme dans la mythologie, toujours destructeur… le droit qui ne cesse de croître ; Hooo… grand méchant loup qu’est le droit, toujours plus grand…, les codes toujours plus lourds… etc, etc.
    Rions ensemble de ces caricatures !!! (*un célèbre professeur de droit de ces années là qui alertait ses étudiants, et qui se trouve sur les réseaux… se reconnaîtra !)
    Mais ou est la simplification me demanderez vous ? Dans le fait que toute cette dialectique en tourne encore et toujours qu’autour de l’informatisation et de tout ce qui en découle.
    Cet article et les auteurs qui soutiennent la thèse, ne font peur qu’à ceux qui ne sont pas à la page…depuis au moins 15 ans !
    Ni le juriste, ni le droit n’ont à craindre ce phénomène… encore moins l’utopie de l’intelligence artificielle que les plus grandes sociétés tentent de créer depuis 20ans… et qui est encore loin d’être à nos portes ! (relisez ce que dit google! 🙂 )
    En somme ; arrêtons de nous faire peur , d’autant plus si il s’agit de justifier une idéologie non partagée!
    Un bon juriste sera meilleur (à ce jour et pour quelques décennies encore) qu’une machine pour interpréter et penser, conseiller une entreprise ou un particulier…même si il s’aide des outils les plus pointus !
    Mais faisons à notre tour un peu plus d’utopie prospective ; quelle merveille serait un monde sans juristes ! si nous en arrivons là, cela signifiera que toute la société sera automatisée… mais alors,,, tout sera automatiquement calculé, sans risques et sans préjudices (ou exceptionnels) ; et le juriste n’aura alors plus sa place dans ce monde ! Mais quel monde ? Cela ne vous dit pas quelque chose ? 🙂

  • Marie K

    7 février 2016 at 12 h 21 min Répondre

    Bel article. Bien rédigé qui m’a fait connaître ce blog. Sympa. Il est vrai que la question n’est pas nouvelle depuis l’apparition des automates et le fameux « homme machine » de La Mettrie. Votre article, bien amené, fait quand même réfléchir à la pérennité de notre modèle économique et au renouvellement de nos professions… Impatiente en tout cas de lire la suite!

  • Romain Loubry

    29 février 2016 at 15 h 09 min Répondre

    Il n’y a pas que la jurisprudence qui s’automatise. La pratique contractuelle et son application s’automatisent tout autant. Les sinistres depuis longtemps ne sont plus gérés par des juristes mais par des process. Je crois pourtant que la digitalisation du droit ne doit pas faire peur aux juristes que nous sommes. Elle n’atteindra que ceux qui refusent le mouvement général qu’elle impulse. En tant que jeune juriste, j’ai toujours utilisé des modèles de contrats que j’ai adapté pour gagner du temps et je vois maintenant ces mêmes modèles proposés par des legal start up à un prix défiant toute concurrence. Dès lors, ce que nous apportons en tant que juristes doit se situer sur un autre registre que celui des contrats qui sont d’ailleurs de plus en plus préemptés par les « contract managers » que la double formation rend parfois plus légitimes auprès des commerciaux et des risk managers… Mais je ne vois pas là un frein (grâce à mon âge peut-être) mais un signe de grande maturité de l’entreprise qui approprie le droit. A nous autres juristes dans les entreprises aussi de nous approprier le marketing, le commerce, les fusions acquisitions et d’exercer d’autres métiers pour accréditer la valeur du droit. Sinon, il nous faudra retourner ou nous replier dans les cabinets d’avocats ou les études notariales que les domaines de spécialités techniques et pointues protègent, mais en s’assurant d’une solide formation complémentaire au droit car les chefs d’entreprise ne se contenteront plus de simples juristes pour les conseiller…

  • […] juriste au bord du chemin… Là, pourrait résider le danger d’une « ubérisation » du droit (Ubérisation du droit… et ainsi naquit le juriste digital, http://www.laloidesparties.fr, 28 janvier 2016): dans le conseil ou la prise de décision qui reposerait seulement sur la machine […]

  • Tanguy Robert

    10 août 2016 at 17 h 42 min Répondre

    Perpective très intéressante sur l’impact potentiel du numérique sur la pratique du droit. Au delà des débats sur la légitimité et pertinence des nouveaux entrants, nous constatons une demande très forte de la part des internautes pour des services juridiques en ligne. Notre expérience révèle que les avocats, notaires et autres juristes, majoritairement pragmatiques, s’emparent de plus en plus des nouveaux outils mis à leur disposition lorsque ces derniers présentent un véritable intérêt pour le développement de leur activité.

    Tanguy Robert @ legalstart.fr

  • Michel Bazet

    26 août 2016 at 7 h 52 min Répondre

    Interroger c’est déja évoluer, merci pou cet article.

  • […] is a danger of “uberisation” of the legal practice (uberisation du droit, http://www.laloidesparties.fr, January 28, 2016) : in legal advice or in the decision-making process which would only be based on the machine and […]

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